Cette histoire avait pourtant bien commencé. Tout était allé très (trop ?) vite. Ces nombreux échanges avaient fini par piquer ma curiosité et en plus tu n’habitais pas très loin de chez moi. Moi qui ai l’habitude de prendre mon temps, l’envie s’était faite pourtant pressante avec toi. Cette rencontre quelques jours avant Noël avait confirmé nos ressentis respectifs et nous avait donné l’envie de nous revoir rapidement.
Mais l’arrivée soudaine des restrictions avait mis en suspend l’élan nouveau de nos rencontres. Celle prévue fin mars avait fait les frais du confinement complet instauré quelques jours auparavant. Pour toi, cette période semble avoir été compliquée à vivre, arrêtée net en pleine passion dévorante des nouvelles rencontres liées à l’ouverture route récente de ton couple. De mon côté je voyais ce long moment comme une hibernation hivernale forcée dont nous sortirions forcément un jour, la vision de mon côté optimiste sans doute. Le printemps allait forcément revenir et nous permettre de continuer là où le temps s’était arrêté. La venue du printemps s’était faite timidement, avec hésitation. Il devenait clair que ce printemps resterait timide un bon moment et que nous devions apprendre à continuer à vivre malgré la situation. Les vacances estivales avaient apporté un semblant de normalité à nos vies bouleversées et l’envie de recommencer, là où le temps nous avait suspendu, était présente.
Mais c’était sans compter sur un revirement de votre accord d’ouverture de couple. Celui qui ne prévient pas, qui surgit de nulle part. Pour être passé par là, je sais que des moments difficiles jalonnent ce parcours d’ouverture. J’aurai très bien pu être à plusieurs reprises celui dans mon couple qui aurait souhaité mettre fin ou mettre entre parenthèse cette ouverture. Aujourd’hui je ne suis juste que le dégât collatéral d’un accident que j’aurai pu moi même provoquer dans mon parcours. C’est comme percuté un chevreuil surgit de nulle part sur cette route de forêt empruntée chaque jour. Au delà du côté superficiel de la tôle froissée, reprendre confiance est un processus qui demandera sans doute un long moment. A chaque passage sur cette route, le souvenir sera toujours présent, le pied sur le frein, le regard aux aguets qui empêchent de vivre en toute insouciance. Même si cette relation était naissante, même si je suis le dégât collatéral, le plus important c’est bien vous.