Les histoires de vie n’ont jamais réellement de véritables début ou fin, ce ne sont en général que des extraits d’une longue ligne continue. Pourtant les évènements ont un ordre et ce qui se passe à un moment ne peut jamais vraiment totalement être décorrélé de ce qui s’est passé avant. J’aime connaitre le contexte des histoires des gens, ou plutôt j’aime connaitre un peu les gens, avant de rentrer dans leur histoire. Peut être que cela me permet de mieux m’identifier à eux ou de mettre en recul leur histoire par rapport à la mienne, je ne sais pas trop. Alors comme nous avons un peu de temps dans la montée, nous allons un peu étudier le « planté du décor » de mon histoire.
Rien de l’extérieur dans ma vie ne me prédisposait à vivre les étapes que j’ai traversé il y a quelques années maintenant. Une éducation « standard » dans une famille unie où je ne peux pas dire que j’ai subi de traumatismes particuliers. Dernier enfant d’une fratrie de trois, j’étais plutôt certainement le plus chouchouté dans cette position. Plutôt bon élève durant ma scolarité sans histoire, pas d’éducation religieuse mais quelques principes ancrés des anciennes générations (mariage, enfant et et pas de divorce et dans l’ordre s’il vous plaît). J’arrive dans la vie active avec un idéal de vie à la Disney et une expérience de la vie amoureuse digne de Harry Potter (c.à.d proche du zéro absolu). Je sais jusque là je vends du du rêve…
Bref un vie ordinaire et qui m’amenait tout droit vers le cadre social type, d’un mariage, des enfants, une maison, deux voitures et des animaux de compagnie. Et bien ce chemin tout droit je l’ai naturellement pris, comme quoi je ne devais déjà pas être bon en planté de bâton pour négocier toute de suite les virages. Et cette ligne droite je l’ai empruntée tranquillement pendant 12 ans. Ma compagne qui est devenue ma femme était ma première réelle relation, nous avons construit notre foyer avec nos 3 enfants et l’apprentissage de la parentalité ainsi que la libido fluctuante qui va avec. Et puis un jour j’ai émis la proposition de tenter le libertinage, plus comme un fantasme de ma libido souvent au taquet qu’un réel changement de ligne de vie. La proposition est restée lettre morte pendant un an, avant que ma femme ne la ressorte du placard. Ce que je ne savais pas encore à l’époque c’est que j’avais planté le bâton sans m’en rendre compte, mais que pour le moment je continuais toujours inlassablement tout droit avec mon costume de prince charmant sur le dos. Et forcément, les lois de la physique font que l’élasticité n’est jamais infinie, le virage ne pouvait que finir par me rattraper…
La suite ? Et bien c’est l’objet des articles suivants avec un focus sur comment gérer le planté de bâton quand vous n’êtes jamais vraiment monté sur des skis (spoiler : ça fait mal). Mon objectif n’est ni de vous faire pleurer, ni de vous faire penser que ce genre d’histoire se passe forcément et uniquement mal. Mais ce qui m’a peut être manqué le plus à l’époque de ces virages, c’est de ne pouvoir trouver des témoignages sur les difficultés du parcours. Des jolies histoires j’en ai trouvé et j’en trouve plein encore (et heureusement) mais elles m’ont interrogés souvent sur ma capacité et ma « normalité » à ne pas pouvoir gérer facilement ces virages compliqués.
La montée initiale est désormais terminée, restez bien accroché à votre siège.